Seda Gürkan est maître de conférences à l’Université libre de Bruxelles (ULB), Département de science politique et Institut d’études européennes et chercheure invitée à la Vrije Universiteit Amsterdam (VU). Elle est diplômée de la London School of Economics (LSE), de l’ULB et de l’école diplomatique du ministère espagnol des Affaires étrangères (Madrid, Espagne). Ses intérêts de recherche comprennent les relations UE-Turquie, la politique turque, la diplomatie parlementaire, l’européanisation et les théories de l’intégration européenne.

Ramona Coman est professeure en science politique, Présidente de l’Institut d’études européennes (IEE-ULB) et membre du Cevipol (Centre d’études de la vie politique). Elle est la coordinatrice du module Jean Monnet Rule of law and mutual trust in global and European governance (599377-EPP-1-2018-1-BE-EPPJMO-MODULE)


L’accord UE-Turquie dans la «crise des réfugiés» de 2015: lorsque l’intergouvernementalisme jette une ombre sur le pouvoir normatif de l’UE

Résumé: L’objectif de cet article est de comprendre pourquoi l’UE conclu «l’accord UE-Turquie sur les réfugiés» en mars 2016 dans le contexte de la crise des réfugiés syriens, malgré le fait que cet accord contredit profondément ses valeurs et normes fondamentales. L’article vise à expliquer le résultat – à savoir la conclusion de l’accord UE-Turquie – en analysant non seulement le pouvoir des institutions, mais aussi leurs motivations, idées et préférences pour justifier les actions de l’UE en la matière.  L’hypothèse principale de cet article est que l’accord résulte de conflits entre les institutions supranationales (le Parlement européen et la Commission européenne) et les institutions intergouvernementales (le Conseil européen et le Conseil de l’Union européenne). Il est démontré que si les premières ont avancé des arguments normatifs, les secondes ont invoqué la sécurité comme préoccupation majeure pour éviter les divisions entre les États membres. Cet article révèle également que de tels conflits d’idées et de pouvoir ont des conséquences sur l’identité de l’UE. Théoriquement, l’article s’appuie sur l’intergouvernementalisme ainsi que la littérature portant sur l’UE comme pouvoir normatif ou puissance civile. Empiriquement, il explore les arguments des institutions de l’UE et met en évidence les tensions interinstitutionnelles dans les débats sur la situation des réfugiés et la réponse de l’UE en la matière.


Photo European Union, 2015 | Source: EC – Audiovisual Service

Motys clés : l’accord UE-Turquie, crise des réfugiés · pouvoir normative · Europe · pouvoir civil · nouvel intergouvernamentalisme · institutions EU