Entre la COVID-19 et l’invasion de l’Ukraine

Ce rapport fournit un aperçu des activités menées par les membres affiliés de l’IEE durant l’année 2021-2022. Y sont reprises les activités relatives aux principaux projets de recherche, aux collaborations nationales, internationales et intra-européennes, à nos programmes d’enseignement, et aux nombreux évènements qui portent le label « IEE ».

L’année académique 2021-2022 a été marquée par les lourds effets de la crise sanitaire générée par la COVID-19 et par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Alors que, sur le territoire ukrainien, le nombre de victimes innocentes augmente un peu plus tous les jours et que les villes et les villages tombent en ruines, au sein de l’UE, depuis le 24 février, nous avons assisté à une mobilisation massive de très nombreux citoyens et citoyennes ainsi qu’à l’expression de formes variées de solidarité, solidarité qui a fait souvent défaut ces dernières années au sein de l’UE. Nous avons également assisté avec émotion à la mobilisation des étudiant·e·s de l’IEE et de l’ULB dès les premières semaines du mois de mars, qui ont choisi d’apporter eux-mêmes leur soutien aux nombreuses personnes qui ont dû fuir leur pays. Afin d’apporter un éclairage académique sur l’actualité trouble et troublante de cette période, l’IEE a rejoint la Faculté de Philosophie et Sciences sociales pour une série de conférences tentant d’expliquer, à travers des regards croisés, l’agression de la Russie et ses implications pour l’Ukraine et pour l’Europe. En réponse à la guerre de la Russie en Ukraine, les chefs d’État et de gouvernement ont tenté de parler d’une seule voix. L’avenir de nombreuses politiques de l’UE est en jeu avec des conséquences considérables pour les citoyens et citoyennes des États membres dans un contexte marqué par l’étendue des inégalités.

Les inégalités et l’Union européenne

Au plan de la recherche, c’est précisément le thème des inégalités qui s’est imposé comme central non seulement dans nos échanges entre académiques mais aussi dans nos discussions avec les étudiant·e·s dans le contexte de la pandémie. Pour nourrir nos réflexions sur ce problème préoccupant, le Professeur Olivier De Schutter (UN Special Rapporteur on extreme poverty and human rights) a été notre invité lors de la séance de rentrée académique 2021-2022 pour une conférence intitulée Can Europe win the fight against poverty?

Le thème des inégalités sera également au cœur des activités de recherche et d’enseignement des trois années à venir, car en 2021 l’IEE s’est trouvé parmi les lauréats des projets Jean Monnet Centre d’Excellence du programme Erasmus Plus de l’Union européenne. Conçu dans une dynamique collective et interdisciplinaire, le projet Centre d’excellence Jean Monnet EUQualis – coordonné par Prof. Amandine Crespy avec Prof. Chloé Brière – réunit plusieurs membres affiliés de l’IEE. Il a été officiellement lancé en mai 2022 lors de la Interdisciplinary conference on European Advanced Studies (IDEAS), co-organisée avec la VUB et l’Université de Warwick. La première édition de la conférence IDEAS a réuni dans les locaux de l’IEE plus de 150 participant·e·s issu·e·s de 26 pays et 60 institutions académiques. Le thème des inégalités y a été décliné en 10 panels interdisciplinaires.

Si les États membres tentent de s’exprimer d’une seule voix depuis le 24 février, la guerre en Ukraine n’a pas mis fin aux divisions entre États membres sur des questions fondamentales, comme celles des valeurs. La guerre a mis ces divisions en arrière-plan. Le non-respect de l’État de droit en Pologne et en Hongrie continue de rester une source de préoccupation majeure tant pour les institutions européennes que pour les citoyennes et citoyens de ces pays. Alors que la Pologne a accueilli le plus grand nombre d’Ukrainien·ne·s sur son territoire, en Pologne comme en Hongrie, le démantèlement des piliers de la démocratie libérale s’est poursuivi de manière rapide, malgré l’opposition et les formes de résistances de la société civile. C’est dans ce contexte que l’IEE a participé au Festival Milenium organisé à Bruxelles en mai 2022 à la projection du film Judges under pressure aux côtés des juges polonais – Igor Tuleya et Monika Fracowiak – et de la productrice du documentaire Iwona Harris pour un débat riche avec des acteurs de la société civile et différentes associations de magistrats et de défense des droits humains en Belgique.

Une recherche interdisciplinaire penchée sur la démocratie et ses défis

Toujours au plan de la recherche, c’est le thème de la contestation de la démocratie libérale qui a émergé comme fédérateur lors des réunions du Comité de la recherche de l’IEE en septembre 2021. Afin de dynamiser la recherche collective et interdisciplinaire, l’IEE a pris l’initiative de soumettre trois projets européens dans le cadre de l’appel Horizon Europe de la Commission européenne. En 2022, l’Institut s’est vu attribuer deux projets européens : RED-SPINEL et GEM-DIAMOND, tous deux évalués de manière très positive lors d’un processus extrêmement compétitif et dotés d’un budget total de 7.263.204 euros. Coordonnés par Ramona Coman avec le soutien précieux de l’équipe de l’IEE (Jozefien Van Caeneghem, Frederik Ponjaert et Maria-Isabel Soldevila), ces deux projets interdisciplinaires et collectifs impliquent de nombreux membres affiliés de l’IEE, tant politologues que juristes. RED-SPINEL est un projet de recherche qui réunit sept partenaires académiques[1] et 4 partenaires non académiques[2]. GEM-DIAMOND Joint Doctorate Marie Curie Network s’est construit quant à lui sur l’héritage du projet GEM, coordonné par Prof. Mario Telo dans les années 2000, et du projet GEM-STONES, coordonné par Prof. Anne Weyembergh de 2015 à 2019. GEM-DIAMOND a permis l’engagement de 16 doctorant·e·s qui réaliseront leurs thèses en cotutelle dans le cadre d’un consortium piloté par l’IEE-ULB réunissant cinq universités bénéficiaires[3] et plusieurs partenaires associés[4]. Il convient de rappeler que les deux premières itérations – GEM et GEM-STONES – ont contribué à la formation de plus de 60 docteurs et docteures, diplômé·e·s dans des programmes de cotutelle entre plusieurs universités européennes et non-européennes. Avec 16 doctorant·e·s sélectionné·e·s pendant l’été 2022, GEM-DIAMOND contribue de manière substantielle à l’élargissement de notre réseau.

Le dynamisme des membres affiliés de l’IEE et de son équipe a contribué largement à ces succès. Le suivi et les conseils précieux de la cellule Europe de l’ULB y ont joué un rôle déterminant également. Le soutien des autorités de l’ULB et du FNRS aux académiques investis dans le montage de projets européens a porté également ses fruits.

Les nouveaux projets ont également permis à l’IEE d’élargir son réseau ainsi que les collaborations nationales, intra-européennes et internationales. A ce titre, avec la VUB, l’IEE a continué à organiser la conférence European Union in International Affairs. L’IEE et l’ULB ont poursuivi leurs échanges avec l’Université de Waseda dans le cadre du Forum EU Japan, coordonné par les professeurs François Foret et Emmanuelle Bribosia, avec le soutien de Frederik Ponjaert. A cela s’ajoute la collaboration de plus en plus fructueuse avec le Collège d’Europe, une des priorités de la présidence de l’IEE. Le rapprochement lancé en 2020 par la Prof. Ramona Coman et le Prof. Olivier Costa (Directeur du Département politique du Collège d’Europe) s’est prolongé en 2021-2022. Un deuxième débat entre les étudiant·e·s du Collège et de l’IEE a été organisé, avec pour objectif d’examiner les propositions qui ont émané de la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Après une première rencontre préparatoire à Bruges en décembre 2021, les étudiant·e·s se sont réuni·e·s à l’IEE, en juin 2022, pour un débat riche et stimulant, suivi d’une garden party conviviale. A cela s’ajoute également la poursuite de la collaboration avec la Fondation Wiener Anspach. En 2021-2022 la Chaire Ganshof van der Meersch  a été attribuée au Professeur Paul Betts (Oxford University) qui a tenu le 10 mars 2022 une conférence publique intitulée «A Re-Civilising Mission: The Cultural Reconstruction of Europe after 1945” ainsi qu’une série de séminaires suivis par les étudiant·e·s du Advanced Master in Interdisciplinary EU Studies.

Nos étudiant·e·s : au coeur de nos actions

Au plan de l’enseignement, l’IEE a accueilli en 2021-2022 488 étudiant·e·s dans les différents programmes de Master en études européennes avec label IEE. En vue de faciliter l’accès à l’emploi et la professionnalisation – qui se trouvent au cœur de nos programmes – l’Institut a maintenu ses activités de mentoring destinées aux étudiant·e·s en études européennes. Ce programme – organisé par Maria-Isabel Soldevila – a pu se dérouler grâce au soutien du Fonds d’encouragement à l’enseignement en études européennes coordonné par le Prof. Nicolas Verschueren. Il convient aussi de souligner qu’en 2021-2022 les activités d’enseignement de l’IEE ont été enrichies par quatre projets Jean Monnet (modules, chaires, projets) coordonnés par des membres affiliés de l’IEE. Les membres de l’IEE ont également participé à deux projets Jean Monnet réseaux, coordonnées par des universités partenaires.

Au plan de la formation continue, l’IEE a continué sa collaboration avec l’Institut National d’Administration Publique de Bucarest. L’école d’été en études européennes 360° in EU affairs a été organisée pour la troisième année consécutive par la professeure Ramona Coman, avec le soutien très précieux de la Formation Continue de la Faculté de Philosophie et Sciences sociales et de l’IEE. Cette troisième édition a permis de renouveler le partenariat avec l’Université NCCU de Taiwan, permettant à 10 étudiant·e·s de Taipei de nous rejoindre à Bruxelles. Cette troisième édition a également bénéficié du soutien de l’Alliance européenne CIVIS. Grace à cela, des étudiant·e·s de 7 universités partenaires ont pu dialoguer avec des membres académiques affiliés à l’IEE et de nombreux professionnels des institutions de l’UE, du Conseil de l’Europe, de l’OTAN et du OACPS invités.

En 2021-2022, l’IEE a poursuivi ses collaborations étroites avec Eyes on Europe et l’association des étudiant·e·s SAIES. Comme les années précédentes, l’Institut a apporté son soutien à la participation des étudiant·e·s en études européennes à la Simulation du Parlement européen Canada-Québec-Europe (SPECQUE). Tout au long de l’année, SAIES et Eyes on Europe ont apporté un regard neuf sur les questions européennes en invitant à l’IEE des personnalités du milieu politique et académique européen. Plus important encore, SAIES et Eyes on Europe contribuent de manière fondamentale à la socialisation des étudiant·e·s en études européennes, que ce soit lors des conférences et des débats ou autour d’un pique-nique ou de la participation aux 10 km de l’ULB. Les débats entre étudiant·e·s du Collège d’Europe et de l’IEE coordonnés par SAIES avec la présidence de l’IEE en sont une belle illustration.

Les relations avec nos alumni : une priorité institutionnelle

alumnieeLe lien avec les Alumni est resté une priorité centrale. C’est durant l’année académique 2021-2022 que le nouveau système de présidence collective et tournante a été mis en place. Nombreux ont été les diplômé·e·s de l’IEE qui ont répondu présent·e·s à notre invitation. C’est toujours avec un énorme plaisir et beaucoup d’émotion que nous les accueillons à l’Institut, car ils et elles sont désireux et désireuses de rendre à l’IEE (give back, as they say) un peu de ce que l’Institut a pu apporter à leur formation. Rapidement, trois groupes de co-président·e·s se sont constitués, réunissant entre 5 et 8 représentant·e·s chacun, pour dynamiser le réseau sur une période de 18 mois (septembre 2021-février 2022, mars-août 2022 et septembre 2022- février 2023). Chaque présidence a joué un rôle extrêmement actif, participant non seulement aux séances de mentoring – qui permettent aux nouvelles générations de bénéficier de l’expérience professionnelle des diplômé·e·s – mais aussi à la mission de l’IEE de débat pluriel et critique sur des questions d’actualité politique européenne. On retiendra la séance consacrée à l’autonomie stratégique de l’UE en décembre 2021, organisée par la première co-présidence tournante ou encore la rencontre avec l’Ambassadrice de la Roumanie auprès de l’UE, H.E. Iulia Matei et l’Ambassadeur du Monténégro, H.E. Petar Markovic (tous deux alumni de l’IEE), qui a eu lieu en avril 2022 à l’initiative de la deuxième co-présidence Alumni avec le soutien de l’Institut. Durant l’année académique 2021-2022, l’IEE a également eu l’honneur d’accueillir le Premier Ministre de l’Espagne, Pedro Sanchez. A la veille du Conseil européen de juin, le Premier espagnol est passé à l’Institut pour rencontrer les autorités, des professeurs et quelques Alumni. Ce fut pour lui l’occasion de se rappeler ses années passées au 39 Avenue Franklin Roosevelt et de retirer son diplôme de Master en Etudes spécialisées en économie européenne, obtenu à l’IEE en 1998.

Au plan de notre troisième mission de contribution au débat public, l’agenda de l’IEE a été riche en événements. Après deux années de confinement, ce fut un bonheur de voir les locaux de l’Institut rouvrir leurs portes. En 2021-2022 l’IEE a invité les membres des différents corps au théâtre. La nouvelle équipe de direction a souhaité insuffler une dimension culturelle à nos regards politiques, historiques, économiques ou juridiques sur l’Europe. L’IEE s’est associé au Théâtre National Wallonie-Bruxelles pour accompagner la représentation de Cédric Eeckhout (acteur et metteur en scène) intitulée « The Quest ». La représentation a été suivie d’un débat intitulé « A chacun·e son Europe ? » avec la participation de Prof. Emmanuelle Bribosia, Prof. François Foret et Marylou Hamm, chercheuse en science politique.

Bilan et remerciements

Cet avant-propos est le dernier sous notre plume, car, ayant été élu·e·s en juin 2019, nous entamons la dernière année de notre mandat.

Comme évoqué lors de notre élection et de notre réélection, pendant ces quatre années nous avons souhaité définir collectivement la recherche à l’IEE et plus particulièrement faire émerger des projets interdisciplinaires, approfondir le lien avec les centres de recherche, organiser un cycle annuel de conférences conjointes et lancer des activités combinant une approche culturelle dans nos réflexions sur la construction européenne. Notre objectif a été d’obtenir de nouveaux financements de type Horizon Europe, ARC et Mini ARC interdisciplinaires ou autre. Au niveau de l’enseignement, nous avons souhaité continuer la tradition de l’IEE comme lieu de formation de haut niveau, assurer le rayonnement international de nos programmes, pérenniser et améliorer les initiatives lancées par l’équipe dirigeante précédente notamment en matière de professionnalisation et de mentoring et assurer une meilleure coordination pédagogique avec les Facultés partenaires ainsi qu’une meilleure consultation des étudiant·e·s et des membres du corps académique et scientifique concerné·e·s. Afin de pouvoir organiser nos activités d’enseignement, nous avons consacré une partie de notre énergie à obtenir de nouveaux financements de type Jean Monnet ou FEE. Au niveau des collaborations nationales, internationales ou intra-européennes, nous avons apporté notre modeste contribution à la mise en œuvre des partenariats préexistants – notamment avec la VUB, l’université LUISS et l’Université de Waseda. Nous avons souhaité également développer de nouvelles collaborations, en particulier avec le Collège d’Europe et European University Institute de Florence.

Avant de conclure, nous souhaitons rappeler que la force de l’IEE réside dans le dynamisme des membres de ses trois corps  – académique, scientifique et étudiant. En 2021-2022, l’IEE a réuni parmi ses membres affilés 50 membres académiques, 43 chercheurs et chercheuses avec un mandat doctoral ou post-doctoral, 15 collaborateurs scientifiques et plusieurs chercheurs visiteurs. Depuis le début de notre mandat, un rôle central a été joué par l’équipe administrative qui assure avec professionnalisme et détermination la mise en œuvre des activités d’enseignement et de recherche interdisciplinaires (Michela Arcarese, Dominique Dembour, Olga Minampala et Françoise Vanden Broeck) et qui contribue au montage de nouveaux projets interdisciplinaires et collectifs et à la dissémination de la recherche (Jozefien Van Caeneghem, Frederik Ponajert et Maria-Isabel Soldevila).

Nous exprimons toute notre gratitude à toutes celles et tous ceux qui ont collaboré étroitement avec nous pendant cette année 2021-2022 mais aussi les trois précédentes, qu’ils appartiennent au corps académique, scientifique ou administratif.

Un remerciement spécial est adressé aux Alumni pour leur dynamisme et leur soutien sans faille à nos missions et nos activités.

Nous remercions très chaleureusement nos étudiant·e·s, actifs et créatifs, toujours présent·e·s à nos activités, prêt·e·s à apporter leur contribution substantielle à nos missions.

Merci à tous et à toutes de votre précieuse collaboration et pour votre confiance ces bientôt quatre dernières années !

Ramona Coman (Présidente), Emmanuelle Bribosia (Vice-présidente) et Nicolas Verschueren (Directeur)

Décembre 2022.

 


[1] ULB, Libera Università Internazionale degli Studi Sociali Guido Carli, Universiteit van Amsterdam, Universitatea Babeș-Bolyai, HEC

[2] – Peace Action, Training and Research Institute in Romania, Milieu Consulting, Magyar Helsinki Bizottság / Hungarian Helsinki Committee and Stichting Nederlands Instituut voor Internationale Betrekkingen Clingendael

[3] Libera Università Internazionale degli Studi Sociali “Guido Carli” (LUISS), University of Amsterdam (UvA), University of Copenhagen (UCPH), Babeș-Bolyai University (UBB), University of Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris1)

[4] University of Geneva (UNIGE), University of Warwick (UoW), Waseda University (WUT), Université Laval (UL), Fundação Getulio Vargas (FGV), Istituto Affari Internazionali (IAI), The Transatlantic Foundation (TF), EGMONT – The Royal Institute for International Relations (EGM), PATRIR – Peace Action, Training & Research Institute gf Romania (PAT), Centre for European Policy Studies (CEPS) and Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH).